Mon cours sur le Nouveau Mode Projet (Université de technologie de Troyes) démarre par un module introductif sur le travail en mode projet traditionnel. C'est en fait une véritable rétrospective des "activités à projet", terme cher à Jean-Pierre Boutinet, résumée pour tenir en une session de 2 heures. L'objectif est de donner un fond de culture et quelques repères clés sur la notion (moderne) de projet en rappelant d'où vient cette notion et comment l'évolution des activités humaines, dans les sociétés organisées, en est arrivée là.
Aujourd'hui, le travail en mode projet s'est complètement banalisé dans toutes les organisations. Et contrairement à une idée encore largement répandue (aussi bien chez les salariés que chez les étudiants), le projet n'est pas une activité en plus qu'on doit faire après 18h00, après le travail soit-disant normal (sous-entendu, celui pour lequel on est théoriquement payé). Quel que soit l'emploi occupé dans l'entreprise, chacun est désormais un acteur projet potentiel... y compris un chef de projet occasionnel.
Ce cours introductif vise à montrer le poids et les évolutions respectives de la communication et de la planification dans les activités à projet. Et ce, depuis la préhistoire (4 millions d'années à 4000 ans avant J.-C.) jusqu'à nos jours. J'explique comment hier Homo Erectus a réussi son "projet" à court terme (survivre quotidiennement) grâce à la communication avec des conduites d'anticipation extrêmement rudimentaires. Et comment aujourd'hui Homo Contextus se plante assez régulièrement sur ses projets à cause d'un déficit chronique de communication, malgré un énorme arsenal de techniques, de méthodes et d'outils de planification très sophistiqués.
Pour planter la problématique au coeur du Nouveau Mode Projet (pour simplifier : nouvelles pratiques collaboratives appliquées au travail en mode projet) je commence toujours par une image très symbolique illustrant le premier grand projet planté dans l'Histoire de l'humanité : la tour de Babel.
Petit rappel : cette légende biblique nous dit que, du temps de Noé, la Terre n'avait qu'une seule langue et une même manière de parler. Dans l'ancienne Babylonne, ville que le roi Nemrod appelait Babel, les hommes ont voulu construire une tour qui devait leur permettre de se rapprocher de Dieu. Ce dernier a puni les hommes de leur arrogance en leur inculquant des langues différentes et en les dispersant à travers différents pays. Faute de communication efficace, les hommes abandonnèrent la construction de la tour... Quelles que soient les versions et interprétations de cette légende, elles restent toutes très pédagogiques quant au rôle déterminant de la communication dans les processus projet (ces activités collectives, conjointes et finalisées).
Pour en revenir à l'aperçu historique des activités à projet, on peut résumer les grandes étapes ainsi :
Préhistoire (4 millions d'années à 4000 avant J.-C.)... Le projet à court terme de l'individu et du groupe est de survivre. Homo Erectus s'organise et il sait collaborer (communiquer, coopérer, coordonner) pour chasser le mammouth et s'adapter à son environnement. Les peintures pariétales sont là pour montrer que collaboration, KM et storytelling étaient des pratiques intégrées aux moeurs... Antiquité ( - 4000 à 500 après J.-C.)... La création est artisanale. L'artisan mélange conception et réalisation avec beaucoup d'improvisation, d'essais et d'erreurs. Les techniques de construction de l'Antiquité dénotent une maîtrise étonnante des mathématiques, de la physique et même de la chimie. Moyen-âge (500 à 1500)... Le bricolage de génie devient inopérant pour les nouveaux défis architecturaux de l'époque médiévale : châteaux forts, églises et cathédrales. Avec des centaines de maçons et de charpentiers, des dizaines de forgerons et des milliers de manoeuvres, le chantier d'un château fort s'étendait sur 10 à 20 ans. A la fin du Moyen-âge, le Quattrocento italien (15e siècle italien) va créer une rupture décisive dans la démarche du projet (au sens moderne du terme). L'homme clé de cette rupture est Filippo Brunelleschi (1377-1446), sculpteur et architecte à qui l'on doit les bases de la perspective et qui pose les fondements du progetto (activité intellectuelle d'élaboration du projet).
Epoque moderne (1500 au 18e siècle)... Le 15e siècle a posé les bases d'une démarche projet. Et on peut dire que ce qu'on appelle aujourd'hui la gestion de projet a franchi une étape décisive quand les hommes se sont dotés d'outils leur permettant d'avoir une représentation intellectuelle d'un ouvrage futur. Le 15e siècle a posé les rudiments de la démarche du projet technique (principalement architectural). C'est le 18e siècle qui invente le projet social (idéologique, politique) en appliquant la figure du projet pour penser nos sociétés modernes. Epoque contemporaire (19e et 20-21e siècle)... L'histoire du management de projet commence dans les années 1950. Les 19e et 20e siècles inventent le projet existentiel (un autre avenir, un autre futur) et le 20e siècle s'attaque au projet pédagogique (expérience d'apprentissage sur longue durée). Le projet technique moderne (objet du cours) est né avec le développement industriel des 19e et 20e siècle, avec plusieurs modèles qui se sont succédés : modèle de l'entrepreneur capitaliste dans les années 1930, modèle de l'ingénierie dans les années 1960, et modèle de l'ingénierie concourante dans les années 1990. C'est sur ce dernier modèle que se développent les variantes actuelles, peu ou prou utilisées dans nos organisations.
Ce rapide historique montre qu'aujourd'hui, le souci de la communication-au-travail reprend enfin sa place première dans le mode projet (exemple des méthodes agiles en ingénierie informatique). En conséquence, les nouvelles pratiques de travail collaboratif, introduisant de nouveaux outils numériques de communication, de coopération et de coordination, viennent modifier en profondeur le travail réel du mode projet. C'est précisément ces modifications que je désigne par Nouveau Mode Projet. Sujet qui fera l'objet d'un prochain article.
Pour me étudiants, un petit livre (110 pages) à lire : Le Management de projet de Gilles Garel (2003).
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Il n'y a vraiment pas d'autre mot pour cela, mais génial! Tout simplement génial! Après avoir lu votre tutoriel, je veux aller dans mon atelier et tous les
Je vous remercie pour l'idée:)))
Rédigé par : paris hilton | 28/05/2010 à 18:59